Bien qu’on ait l’impression qu’il s’agit d’un sujet actuel, la définition de développement durable a été établie il y a plus de trente ans. En réalité, c’est en 1987 que la commission mondiale de l’environnement et du développement (de son acronyme anglais WCED) l’a établie de la manière suivante :
“Sustainable development is a development that meets the needs of the present without compromising the ability of future generations to meet their own needs.”
Il est clair que cette définition, généraliste et très vague, a évoluée, à juste titre, au fil des années. Aujourd’hui, il est possible de détailler davantage cette dernière, ce qui facilite sa compréhension.
Le développement durable est ainsi un modèle sociétal optimiste de développement à long terme, centré sur les personnes, leurs besoins, leurs compétences et leurs actions. De ce fait, chaque niveau, local, régional, national et international, de la société, en est concerné.
Par conséquent, afin que ce modèle soit un succès, la participation et implication de chaque partie prenante est fondamentale. En ce sens, il s’agit donc d’un processus continu de négociation ou chaque acteur d’un domaine doit coordonner ces objectifs en fonction d’une vision globale. De plus, il est également nécessaire de faire des compromis pour équilibrer les divers intérêts environnementaux, socioculturels et économiques, de manière consensuelle et pacifique.
La figure 1 illustre deux modèles à 3 dimensions selon l’approche de l’ONU. À gauche telle qu’elle est utilisée en Suisse pour le “Monitoring du développement durable (MONET)” et à droite l’adaptation dans la prise de position de la “Fachkonferenz Umweltbildung” (conférence sur l’éducation à l’environnement – 2010).
Ces modèles à trois dimensions sont faciles à comprendre et donc très répandus. Cependant, les dimensions de la durabilité n’ont pas toujours la même importance ce qui crée un obstacle pour rendre transparentes les négociations entre les domaines. En outre, il reste toujours l’impression que certains aspects tels que la culture, la technologie, la santé, etc. , sont négligés. Il a donc été important de rendre explicites ces composantes non mentionnées dans les travaux ultérieurs sur les modèles.
Les 17 objectifs du développent durable
Une liste de 17 critères ou objectifs de développement durable (17 Sustainable Development Goals – SDGs [Figure 1]) ont été définis en septembre de 2015 par les 193 États membres de l’ONU. « Ils équilibrent les dimensions économique, sociale et écologique du développement durable. Avec les SDGs, tous les états, et non seulement des pays en développement, sont appelés à mettre fin à la pauvreté, à réaliser l’égalité des sexes, à améliorer la santé et l’éducation, à rendre les villes plus durables, à lutter contre le changement climatique, à protéger les forêts et bien plus encore. De plus, il faut encourager les acteurs non gouvernementaux à contribuer de plus en plus activement au développement durable. »
Ces 17 objectifs correspondent à exactement 196 cibles concrètes présentes dans le rapport établi et signé à la date susmentionnée. Succinctement, ces derniers correspondent à:
- Mettre fin partout à la pauvreté sous toutes ses formes.
- Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition. Promouvoir l’agriculture durable.
- Garantir une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tout âge.
- Assurer une éducation de qualité inclusive et équitable. Promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous.
- Réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles.
- Assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement.
- Garantir l’accès de tous à une énergie abordable, fiable, durable et moderne.
- Promouvoir une croissance économique soutenue, inclusive et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous.
- Construire des infrastructures résilientes, promouvoir une industrialisation inclusive et durable et encourager l’innovation.
- Réduire les inégalités au sein des pays et entre eux.
- Rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables.
- Assurer des modes de consommation et de production durables.
- Prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et ses impacts
- Conserver et utiliser durablement les océans, les mers et les ressources marines pour le développement durable.
- Protéger, restaurer et promouvoir l’utilisation durable des écosystèmes terrestres, gérer durablement les forêts, stopper et inverser la dégradation des sols et mettre un terme à la perte de biodiversité.
- Promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives pour le développement durable, assurer l’accès à la justice pour tous et mettre en place des institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux.
- Renforcer les moyens de mise en œuvre et revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable.
Journée du dépassement de la Terre
« Chaque année, le Jour du dépassement de la Terre (Earth Overshoot Day)marque la date à laquelle nous avons utilisé toutes les ressources biologiques que la Terre peut renouveler pendant toute l’année. Pour déterminer la date du Jour du dépassement de la Terre, le Global Footprint Network, une organisation internationale de recherche et à but non lucratif primée, combine des données et formule les hypothèses les plus raisonnables pour évaluer la situation de l’humanité en matière de ressources. »[Figure 3]
Malgré les nombreux efforts déployés au cours des dernières décennies, le développement mondial actuel est loin d’être durable. Les problèmes environnementaux mondiaux dus à la surexploitation des ressources naturelles, les injustices sociales et la pauvreté persistent, voire s’aggravent. Cela signifie que les efforts déployés jusqu’à présent n’ont pas été suffisants.
Figure 3 – Le jour de dépassement des ressources de la Terre
Le 13 mai, la Suisse a « célébré » le jour du dépassement ! À partir de cette date, elle vit à crédit aux dépens des générations futures. (trois planètes sont aujourd’hui nécessaires pour assurer le mode de vie des citoyens suisses) [Figure 4]
En effet, l’hôtellerie et le tourisme en général jouent un rôle très important dans l’économie transfrontalière franco-suisse. De part et d’autre de la frontière interagissent un grand nombre d’intervenants, ce qui génère d’importants flux transfrontaliers. Les empreintes environnementales, sociales et économiques associées – directes et/ou indirectes – sont par conséquent importantes. Or, le consommateur-touriste est de plus en plus exigeant vis-à-vis de l’impact de ses actions/choix. De même, les habitants et les institutions locales cherchent à optimiser l’impact des activités touristiques. Des normes, labels, méthodes et pratiques existent, mais ne sont pas optimisées dans leur ensemble pour la réalité transfrontalière.
Le projet DUET a pour objectif de co-développer un plan d’action opérationnel de développement durable pour l’hôtellerie donnant des avantages compétitifs (créant de la valeur, p.ex. : meilleure offre, attrait commercial, réduction des coûts opérationnels, etc.) à l’activité dans le contexte transfrontalier
Ecrit par:
Davide Morais, Ingénieur HES et Assistant de Recherche, HEPIA
Dr. Ricardo Lima, Responsable du Laboratoire de systèmes énergétiques et Professeur HES associé, HEPIA
Références
[1]Definition of the World Commission on Environment and Development (WCED) 1987 Report Our Common Future («Brundtland Report»)
[2]Basé sur la définition des nations unies – news.un.org/en/
[3]ONU – Organisation des Nations unies
[4]https://www.myclimate.org/information/faq/faq-detail/what-are-the-sustainable-development-goals-sdgs/
[5]http://www.un.org/sustainabledevelopment/sustainable-development-goals/
[6]https://www.genevaenvironmentnetwork.org/fr/ressources/nouvelles/earth-overshoot-day/
[7]https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Human_welfare_and_ecological_footprint_sustainability.jpg